Kairouan est la 4ème ville sainte de l'Islam, après La Mecque, Médine, et Jérusalem. Le nom de Kairouan viendrait de Kaïrawane (campement). Selon les historiens, vers 671, Oqba Ibn Nafi, compagnon du prophète Mahomet, arrête ses cavaliers dans une vallée, à mi-distance de la côte, tenue par les Byzantins, et de la Grande Dorsale, occupée par les Berbères. Pour donner à ses troupes le courage de se battre sans reculer, Oqba décide de fonder une ville qui servira l'islam jusqu'à la fin des temps.
Kairouan est la capitale spirituelle de la Tunisie. La grande mosquée Djama Sidi Oqba est l'une des plus anciennes du monde musulman. On y trouve aussi le mausolée le plus visité du pays, la zaouïa de Sidi Sahab, un compagnon du prophète. Ce mausolée est aussi appelé "La mosquée du barbier" car il portait toujours trois poils de la barbe du prophète sur lui! Kairouan est réputée pour ses tapis artisanaux et ses pâtisseries dont les makrouds.
LA GRANDE MOSQUEE:
La Grande mosquée de Kairouan est un édifice aux allures de forteresse qui s'impose autant par les pierres de taille de 1,90 mètres d'épaisseur dont sont construits ses murs que par les renforts, les tours pleines et les solides contreforts en saillie qui les épaulent et les consolident. C'est un quadrilatère irrégulier plus long (138 mètres) du côté de l'entrée principale que du côté opposé (128 mètres) et moins large (71 mètres) du côté du minaret que du côté opposé (77 mètres).
On peut accéder à la cour par l'une des 6 portes latérales et découvrir alors un quadrilatère (environ 60 mètres x 40 mètres) entouré de galeries soutenues par des colonnes de marbres divers, de granit ou de porphyre et qui sont empruntées, comme celles de la salle des prières, à des monuments antiques (notamment en provenance de Carthage). Près du centre, on trouve un collecteur d'eau de pluie, qui filtre l'eau avant son stockage dans la citerne située sous la cour, et un cadran solaire. Servant à la fois de tour de guet et pour l'appel à la prière, le minaret, constitué de 3 niveaux dégressifs, domine l'édifice du haut de ses 31,5 mètres et est assis sur une base carrée de 10,5 mètres de côté. Edifié par le gouverneur omeyyade Bishr Ibn Safouan vers 725 et achevé par les princes aghlabides au IXe siècle, c'est le plus vieux minaret du monde. La salle de prière, dont l'accès se fait par 14 portes, est divisée en 17 nefs de 8 travées comportant plus de 400 colonnes semblables à celles de la cour. A droite du minbar, chaire à prêcher la plus ancienne du monde islamique IXe siècle, composée de près de 300 pièces sculptées en bois de teck, se trouve la maksoura, belle clôture à jour permettant aux dignitaires d'êtres isolés des autres fidèles. Une légende raconte qu'on ne pouvait compter les innombrables colonnes de la Grande mosquée sans devenir aveugle.
LES TAPIS DE KAIROUAN
Le tapis comme redevance ? C'est ce qui se passait il y a plus de mille ans. Les princes aghlabides, seigneurs de Kairouan mais vassaux de Bagdad, versaient alors leur écot à l'administration fiscale sous forme de tapis. Onze siècles plus tard, la renommée de la ville sainte repose encore sur cette production artisanale. Dans la lumière tamisée des patios, des milliers de femmes continuent le travail minutieux de leurs ancêtres. En moyenne, on compte deux ou trois métiers par famille. Conformément à la tradition islamique de non-représentation de la figure humaine, le tapis de Kairouan privilégie les motifs géométriques.roud est préparé en superposant une couche de pâte à base de semoule de couscous et une couche de pâte de dattes (ou quelquefois de figues) frites. Le tout est ensuite roulé, puis découpé sous forme de losanges ou de triangles avant la cuisson.
Les techniques ont cependant évolué, permettant une adaptation à la demande. Au siècle dernier, on se prit d'engouement pour un point noué venu de Turquie, le point Gördes. Une raison à cela : c'est la fille du gouverneur turc qui transmit son savoir aux dames de Kairouan. L'un des motifs les plus fréquents est "la croix de Kairouan", symbolisant les lustres de la Grande Mosquée. Le champ central, ou mahrab, en losange, est réalisé sur fond rouge. Les coins sont décorés de légers motifs et les bandes d'encadrement sont garnies de motifs stylisés d'inspiration florale. Concernant les coloris, on distingue deux grands groupes : - les tapis polychromes, à poils ras, utilisant une impressionnante variété de couleurs, - les alloucha, en haute laine, de teintes neutres. La valeur d'un tapis est exprimée en nœuds au mètre carré : 90 000 pour le "classique". Les tapis sont vendus sous trois qualités, attestées par une estampille officielle.
La classification dépend de la régularité des motifs, de la symétrie des dessins et du serrage des nœuds.